L’été est une période généralement associée à la détente, aux vacances et à l’insouciance. Cependant, pour de nombreux enfants, cette période peut aussi être marquée par une hausse des risques de violence et de négligence. Loin des structures scolaires et des dispositifs de protection qu’ils offrent, les enfants peuvent se retrouver plus vulnérables à diverses formes de violence, que ce soit dans leur cadre familial, social ou lors des activités de loisirs.
Les facteurs de risque accrus en été
Pendant les vacances scolaires, les enfants passent plus de temps à la maison ou en colonies de vacances, dans des environnements où la surveillance peut être réduite. Les parents, souvent sous pression ou plus relâchés durant cette période, peuvent être moins vigilants ou moins aptes à reconnaître les signes de violence. De plus, les déplacements fréquents, l’absence de routine et la diminution des contacts avec les enseignants ou les professionnels de santé rendent plus difficile la détection et le signalement des abus.
La violence intra-familiale
En Suisse, les statistiques montrent également une augmentation des signalements de violences intra-familiales pendant les vacances scolaires. Les lignes d’écoute pour les enfants et les jeunes observent une hausse des appels durant l’été. La promiscuité dans certaines familles, les tensions liées aux contraintes économiques des vacances, ainsi que la fatigue accumulée, peuvent favoriser des situations de violence physique ou psychologique envers les enfants. De plus, l’éloignement des services sociaux et des structures scolaires durant cette période complique la détection et le suivi des situations à risque.
Des études montrent que les périodes de stress économique sont souvent corrélées avec une hausse des violences domestiques. En 2020, les confinements liés à la pandémie ont exacerbé ces dynamiques, mais ces dernières sont également présentes, bien que moins médiatisées, durant les étés, notamment pour les familles qui ne peuvent pas se permettre des vacances.
Les agressions sexuelles dans les lieux de vacances
Les camps de vacances, colonies, et clubs de loisirs sont souvent perçus comme des espaces de liberté pour les enfants, mais ils ne sont pas exempts de risques. Selon une enquête de l'association Enfance et Partage, un enfant sur cinq a été victime d'une forme d'agression sexuelle dans un environnement de loisirs. Le manque de formation du personnel encadrant et l’absence de contrôle systématique des antécédents judiciaires des adultes en charge peuvent parfois aggraver la situation.
Ces environnements, où les enfants sont loin de leurs repères habituels, peuvent rendre plus difficile la dénonciation des abus. Certains enfants peuvent ne pas savoir à qui se confier, tandis que d’autres peuvent craindre de ne pas être crus ou d’être punis s’ils parlent.
La négligence parentale et les dangers invisibles
Outre la violence directe, la négligence peut également augmenter durant l’été. Les parents, fatigués ou débordés, peuvent involontairement laisser leurs enfants sans surveillance dans des situations à risque : près d’une piscine sans sécurité, dans des zones rurales ou à proximité de routes fréquentées. Chaque été, les accidents domestiques ou liés aux loisirs (noyades, chutes, accidents de la route) causent la mort ou des blessures graves à des centaines d’enfants.
Le relâchement des normes de sécurité pendant les vacances, qu'il s'agisse de l'absence de surveillance ou d'une méconnaissance des dangers spécifiques de certaines activités estivales, conduit à des conséquences tragiques qui sont souvent évitables.
Les mesures de protection à renforcer
Il est crucial que les pouvoirs publics, ainsi que les associations, se mobilisent pour sensibiliser les familles et les professionnels encadrant les enfants durant l’été. Des campagnes de prévention, notamment sur les risques de violence domestique et sexuelle, doivent être intensifiées avant les périodes estivales.
Les dispositifs de signalement doivent également être adaptés aux contextes spécifiques des vacances, avec des campagnes d’information dans les lieux touristiques, les clubs de loisirs et les colonies. Les professionnels du secteur touristique et de l’animation doivent recevoir des formations spécifiques sur la détection et la prévention des abus.
Enfin, les parents doivent être encouragés à maintenir un dialogue ouvert avec leurs enfants, à leur rappeler qu'ils peuvent parler de tout ce qui les dérange, et à rester attentifs à tout changement de comportement chez eux.
L'été: une période à surveiller pour la sécurité des enfants
L’été, bien qu’il soit une période d’évasion et de repos pour beaucoup, cache également des réalités sombres pour certains enfants. Les risques de violence, qu'elle soit physique, psychologique ou sexuelle, augmentent en raison de la perte des repères habituels et du relâchement des dispositifs de protection. Une vigilance accrue, tant de la part des parents que des professionnels, est essentielle pour que ces périodes restent des moments de plaisir pour tous les enfants.
Vous avez besoin de conseils, d'une oreille attentive ou d'une aide concrète ? N'hésitez pas à nous contacter soit au 0800 800 140 ou en bénéficiant de notre soutien à la parentalité.
Sources
- Association enfance et partage – Rapport 2023 sur la violence envers les enfants en milieu de loisirs.
- Observatoire National de la Protection de l'Enfance (ONPE) – Études et statistiques sur les signalements de violence.
- 119 - Allô Enfance en Danger – Bilan d’activité estival 2022-2023.
- UNICEF – "La violence contre les enfants : un problème mondial"
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